Par Claude Blanchemaison, Ancien Ambassadeur de France en Russie

Mardi 24 janvier 2017
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Il y a quelques mois, les perspectives pour la Russie, sur la scène internationale, étaient incertaines pour différentes raisons : baisse du prix du pétrole, enlisement de la situation en Ukraine, sanctions occidentales, intervention en Syrie, dégradation des relations avec la Turquie, perspectives électorales américaines non favorables, etc.). Mais à la lumière des événements récents on pourrait se demander si la tendance s’est inversée. En effet, les pays de l’OPEP et les autres pays pétroliers ont signé un accord pour réduire leur production afin de maintenir un prix du baril autour de 50-60$ ; un début de négociation a été entamé entre Bachar Al-Assad et ses opposants, sous patronage russe ; les relations avec Erdogan se sont réchauffées dans le combat commun contre Daech ; le Brexit et la crise de l’euro ainsi que l’élection de Donald Trump semblent être de bons augures pour Vladimir Poutine.

Cette nouvelle situation est-elle durable ?
Sur le plan économique, tout en poursuivant une politique "pro-business" (économie de marché, membre de l'organisation mondiale du commerce, IRPP à 13%), Vladimir Poutine a repris le contrôle de secteurs jugés stratégiques pour l'exercice de son pouvoir (énergie, militaro-industriel, information, etc.) A long terme, le défi de la Russie est de diversifier son économie et développer son industrie. Or, malgré ses seize années au pouvoir, Vladimir Poutine a échoué dans sa tentative de diversification de l’économie russe, freinée notamment par le contrôle de l’industrie par l’Etat. 

Concernant sa relation avec l’Union européenne, Vladimir Poutine semble vouloir traiter directement avec les Etats membres. Mais les équipes avec lesquelles il dirige le pays, relativement stables depuis seize ans, ont bien conscience de l’importance de l’Union européenne, premier partenaire commercial de la Russie, et de signer un traité de libre-échange avec l’Union européenne (et non avec les Etats). En 2003, des négociations avaient d’ailleurs étaient entamées pour la création d’un espace commun économique, de la connaissance, juridique et de sécurité extérieure. Mais l’entrée de nouveaux membres dans l’UE (anciens satellites de la Russie) a fait échouer ces négociations.

On peut se demander si Vladimir Poutine sera capable de mener les bonnes réformes, à savoir l’instauration d’un Etat de Droit, d’un système juridique plus objectif et plus transparent et d’une économie réellement mixte, pour rendre la Russie plus compétitive. 

Malheureusement, tout porte à croire que Vladimir Poutine attendra la prochaine échéance de 2018 avant d’entamer ces réformes. Il a engagé un processus de rajeunissement de ses équipes pour préparer son prochain mandat (porté à 6 ans depuis 2012) mais la question de sa succession reste entière pour après 2024.

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