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La Russie de Vladimir Poutine à la croisée des chemins : bilan et perspectives
Par Claude Blanchemaison, Ancien Ambassadeur de France en Russie
Au pouvoir depuis 18 ans, Vladimir Poutine vient de se faire réélire pour 6 ans. Successeur d'un Boris Eltsine usé et fatigué, il a tout d'abord repris en main une Russie morcelée suite à la faillite de l'Union Soviétique. Lors de son premier mandat, il a rétablis la verticale du pouvoir, a appuyé son pouvoir sur les territoires qui souhaitaient devenir indépendants et a remis au pas les oligarques, tout en maintenant de très bonnes relations avec l’Occident.
A partir de 2007, Poutine a commencé à s’éloigner de l’Europe. La ligne rouge a été franchie lorsque Washington s’est interrogé pour intégrer la Géorgie et l’Ukraine à l’OTAN. Les actions menées par la Russie ensuite, tels que la guerre de Géorgie en août 2008, l’annexion de la Crimée puis la déstabilisation du Donbass en 2014, ont marqué une rupture avec l’Europe et les pays occidentaux, isolant Poutine. Sa réélection en 2012 a signifié l’entrée dans une phase nationaliste, la Russie se mettant clairement à l’écart de l’Occident.
L’un des défis de Poutine était de rendre l’industrie russe compétitive. La crise de l’été 2014, où les prix du pétrole étaient divisé par 3, a démontré la fragilité de l’économie russe, trop dépendante des hydrocarbures. Poutine a failli dans sa volonté de réformer économiquement le pays : il n’a pas réussi à faire de la Russie une force économique afin que les Russes investissent et que les étrangers empruntent le même chemin par la suite.
Il reste à Poutine le temps de son mandat actuel pour prendre des mesures afin de pallier aux conséquences engendrées par le protectionnisme de la Russie et la tension avec l’Occident apparue lors de son avant dernier mandat. Il faut espérer qu’il écoute ses conseillers libéraux, parmi lesquels Koudrine, ancien ministre des Finances, qu’il remette l’économie russe debout en sortant de la dépendance des hydrocarbures et en établissant un Etat de droit. Il serait souhaitable qu’il renoue le dialogue avec l’Union Européenne et continue les échanges commerciaux avec l’Occident, afin de mettre en place ce qui avait été imaginé en 2002 : une sorte d'espace économique commun entre l'UE et la Russie.
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